D'après les anciens, je serai né pendant l'hiver. Aujourd'hui, j'ai à approximativement une vingtaine d'année et dix-neufs année plus tôt, un aîné m'aurait trouvé. Cet aîné est devenu mon père adoptif et pour pouvoir me garder, lui et sa femme ont dû conclure un marché avec les chefs de leur clan, les Shokans. Je devais servir leurs intérêts. C'est ainsi que je devins Elye Siwah.

Finir les guerres avant que celles-ci ne commencent était devenu mon rôle au sein du clan. Je devais être bon en tout, apprendre leur langue mais aussi celles des autres peuples connus sur cette terre. Enfant, je devais redoubler d'efforts pour me faire accepter des autres. N'ayant pas encore fait mes preuves, certains Shokans pensaient que les espoirs que nourrissaient les dirigeant du clan étant vint. Mais le jour de mes dix ans, je pus leur prouver ma valeur. Alors qu'une partie du clan Voïn voulait rentrer en guerre avec le notre, on me chargea d'une mission d'élimination. Qui pourrait se méfier d'un enfant? Ma plus grande arme était à cette époque mon âge. Mon cerveau bouillonnant d'ingéniosité, je tandis un piège au guerrier qui avait stupidement voulu déclencher les hostilités. Une fois celui-ci tombé dedans, je l'assassinais proprement et rapidement. Mon retour au village haut perché fut triomphant. Les adultes me voyaient comme une solution, les enfants comme un héros et nos dirigeant, satisfait d'eux-même devinrent plus exigeant. Mon travail devait être propre et précis, personne d'autre que les Shokans devaient connaitre mon visage pour pouvoir mieux infiltrer les camps adverses. Je devins alors un espion, probablement le seul de mon clan.

En plus de l'enseignement donné aux enfants de mon âge, je devais suivre les cinq dirigeants pour mieux apprendre d'eux et enfin acquérir plus rapidement la sagesse des anciens. Penser comme un adulte était devenu ma principale mission. Mes parents ne voyait pas cela d'un bon oeil. Nous ne nous voyons que très rarement, lorsque mon père m'enseignait l'art de la phytothérapie et le soir lors du diner. Ce couple était des gens bien, comme la plupart des Shokan, mais eux étaient spécials à mes yeux. Mon père adoptif m'avait sauvé d'une mort certaine, je lui devais la vie. Nous n'échangions rarement des propos entrant dans le domaine personnel, je ne leur dévoilais jamais mes sentiments, ne leur parlait jamais des projets et de mes missions. Ils m'hébergeaient , me nourrissait et pour eux j'aurais donné ma vie, mais ils ne me connaissaient pas. Ils ne savaient rien de moi, juste le nom qu'ils m'avaient donné, mon premier ordre et mon avancement dans le domaine médical. Cette distance entre eux et moi m'affectait, mais face à de gros sentiments, je préférai rester silencieux, ne pas me faire remarquer comme on me l'avait appris. Si je supportais ces charges émotionnelles, c'était pour eux, pour leur payer ma dette. Une vie contre une autre, c'était ma devise.

Mon enseignement allait toucher à sa fin quand il fut perturbé par une chose plus qu'étonnante. Une étoile était tombée du ciel pour s'écraser sur le territoire Domu. Certains étaient partis en reconnaissance mais alors que je m'attendais à partir avec eux, j'eus l'ordre de rester en arrière. Les dirigeants avaient d'autres dessins pour moi. Plusieurs autres chefs de clan venaient nous rendre visite. Je devais me cacher, que personne ne sache qui j'étais au cas où les choses tourneraient mal. Fermé dans ma cabane, j'attendais que ma mère, exempté de cueillette vienne m'avertir pour attaquer. Derrière cette porte, j'attendais, mais elle ne vint jamais. Pendant des jours, je ne bougeais pas, attendant sagement, assis en face de la porte en bois quand un jour, la poignée s'enclencha. Je me levai, pensant recevoir la visite de ma mère mais à ma grande surprise, ce fut celle d'un des cinq. Il s'assit près de moi pour m'expliquer la situation et me donner mes ordres de mission.

_ Mon enfant, commença-t-il par dire. Nous avons reçu un ordre des Nahus. Comme tu le sais, il n'est jamais très bon lorsque ces derniers s'emmêlent. Nous devons nous allier avec les autres peuples de la terre, une guerre a été déclaré. La comète qui s'est écrasé à rasé le clan Domu et celle-ci abritait un autre peuple. Un peuple venu du ciel. Nous ne connaissons pas encore leur intention, mais les peuples de la terre veulent attaquer. Nous devons nous allier à eux. Paradoxalement, la majorité des cinq a votée pour que tu infiltres leur campement pour mieux les comprendre et s'ils ne représentent aucun danger, finir cette guerre avant d'essuyer d'innombrable pertes. Il y a quelques jours, nous avons recueillit l'un d'eux, nous voulons que tu rentres en contact avec lui, qu'il te briffe sur ta mission. S'il te demande quoi que ce soit, à ce propos, répond lui que ton peuple veut les protéger. Met ceci, ton père l'a sculpté. Il serait préférable qu'il ne voit pas ton visage au cas où il retourne dans son camp, conclu le vieil homme en me tendant un masque en bois.

Ces indications n'étaient pas très claires. En quelques phrases, il m'avait résumé plusieurs jours sans trop rentrer dans les détails. Les Nahus avaient demandé à tous les terriens de s'allier, ce n'était pas bête car ensemble, ils seraient plus fort contre le nouvel envahisseur mais, pensaient-ils vraiment que cette entreprise marcherait. Cela faisait des années que nos peuples se tiraient les uns les autres dans les pattes. Nous étions réputé pour être un peuple pacifique, mais les mots "entrer en guerre" était pourtant bien présent. Et malgré l'alliance, pourquoi mon peuple abritait secrètement l'un des étranger venu du ciel? Je devais m'infiltrer dans le camp dit ennemi, mais les autres peuples ne seraient pas au courant, s'ils venaient à attaquer les nouveaux arrivants, je périrai avec eux et non avec les miens. Les cinq vieillard m'envoyait dans une mission suicide, si je réussissais à trouver le bon chez les envahisseurs, je les sauverais d'une mort certaine, mais si au contraire nous devions les attaquer, les autres peuples pourraient alors se retourner contre nous, accusant les Shokans d'avoir comploté et alors je serai désigné comme étant le responsable et jugé pour tous mes crimes et probablement aussi ceux que je n'avais pas commis.

Plus simplement, ma mission consistait à sauver les humains venus du ciel. L’échec signerait mon arrêt de mort. J'acceptais à contre cœur. Je pris le masque et sortie de ma case. Mon aîné m'escorta au garçon venu du ciel. Après plusieurs heures à discuter, il me proposa d'échanger ces vêtements avec les miens pour paraître plus crédible aux yeux des autres. J'acceptais. Il me parla de l'Arche, de la raison pour laquelle ils avaient été envoyés ici et me mit en garde sur le fait qu'ils étaient tous des criminels. Il me parla de leur bracelet, et me conseilla de dire aux autres que je l'avais retiré. Ce garçon coopérait, il m'était sympathique et semblait aspirer aux mêmes intentions que celles de mon clan. Si les autres étaient comme lui, je n'aurai pas de difficulté à prouver que les envahisseurs étaient venus en paix.

Avant que nous nous séparions, il me donna un nom, Seo Hae Joon. Avant de le quitter, je lui fis mes adieux, faisant de même avec ma famille et le reste de mon peuple. Déguisé en enfant du ciel, je me dirigeais à présent vers leur camp. J'avais pris pour seul bagage le poignard que j'avais utilisé lors de ma première mission, mon premier assassinat. Il était de taille moyenne pour un poignard, sur la lame y était dessinée de jolies arabesques et le manche était en cuir. Je l'avais choisi pour seul arme car il était facile à dissimuler et que je tenais à l'avoir près de moi pour mes probablement derniers instant sur cette terre.

Pour ne pas attiser la curiosité des autres peuples et éviter les mauvaises rencontres, je me déplaçais d'arbre en arbre, une habitude qu'une fois sur le terrain je devrai bannir. Arrivé au campement des jeunes délinquants de l'Arche, je descendis de mon perchoir, feintant de fuir quelque chose. Avant cela, j'avais sali mes vêtements, mon visage, mes cheveux pour leur donner l'impression que cela faisait plusieurs jours que j'étais livré à moi-même dans ce terrain hostile. Un attroupement se fit autour de moi, d'abord méfiant, je leur expliquais d'une voix tremblante comme celle d'un garçon sous le choc de l'émotion que j'avais quitté le camp à la recherche de nourriture. Par mégarde j'étais tombé sur des autochtones qui m'avaient attaqué et pour leur échapper, j'avais dû me cacher pendant plusieurs jours pour enfin retrouver mon chemin.

Ils semblèrent croire mes paroles et c'est ainsi que je pus infiltrer leur camp. Je leur cachais mes réelles aptitudes pour ne pas leur paraître suspect. Mauvais pour la chasse, le combat, j'étais devenu à leurs yeux un gars banal qui s'était retrouvé sur terre par malchance. Une proie idéale mais pleine de bonne volonté.